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Maya Lamora, le métal dans la peau.
Par Frédéric Lacoste

Les Carmes de Langon nous invitent à découvrir la fantaisie foisonnante de la plasticienne Maya Lamora. La saison culturelle s’annonce sous le double signe de la représentation du réel et de l’imagination débridée.
Cette plasticienne, que certains auront pu découvrir à La Réole il y a un an à l’occasion du Chemin des Arts, propose cette fois-ci plusieurs facettes de son travail dans une exposition intitulée Noir, rouge, blanc. Trois facettes pour être précis.
L’une résolument ludique avec une technique mixte sur toile utilisant principalement le papier, pour croquer des enfants aux visages surdimensionnés, des boîtes à conter et de simples délires formels faisant la part belle à la part naïve de l’artiste.
La seconde exploite le matériau textile pour des Chiffonneries composées à base de taies d’oreiller, de tarlatane et de sacs postaux. Il y est question d’Harmonie, de Résonance et même de Java endiablée ou de Fantômes.
Moins évidente d’accès, même si percent ici et là quelques détails figuratifs, la série Zingueries en métaux marouflés sur toile, laisse pointer un intérêt plus récent, signe d’un plaisir certain éprouvé au cisèlement du plomb. De là à parler d’une évolution irréversible, il y a un pas que l’artiste n’ose pas franchir : « Je préfère ne pas parler d’évolution. Une grande part de la production figurative m’intéresse toujours, et j’y mets les mains parfois. Il se trouve qu’actuellement, mon travail se concentre sur la matière et le métal. Il est d’ailleurs fort probable que j’aille prochainement vers la sculpture qui m’attire beaucoup. »
Il faut dire que Maya Lamora a été particulièrement influencée par l’immense peintre et sculpteur catalan Antoni Tapiès, l’un des tout premiers à intégrer des matériaux non académiques dans ses œuvres.
C’était il y a près de trente ans :« Je ne suivais pas son chemin à cette époque, confie-t-elle. Mais son empreinte s’est faite en moi et il m’a donné envie de pénétrer ce monde-là, de mélanger les matières en toute liberté. »
A cette inspiration reconnue s’en ajoute une autre, étonnamment plus diffuse, subliminale même à bien des égards : celle de ses origines familiales. Car si le père de Maya Lamora travaillait dans la métallurgie, elle ne savait pas que son arrière grand-père espagnol fut jadis forgeron : « Voilà en effet ce que m’a appris l’une de mes sœurs qui s’intéresse de près à la généalogie. Je crois à la force de l’inconscient. Et je suis convaincue que c'est tout sauf un hasard si je me suis mise à travailler ce matériau qui, a priori, n'est pas très gratifiant.»
La plasticienne laisse sourdre son imaginaire le plus librement possible, sans message à faire passer ni leçon à délivrer, sinon un message de tolérance, d’ égalité et de justice sociale.
Son seul désir : susciter une émotion dans l’œil du visiteur, au-delà des mots. « Quand on est seule dans son atelier, précise-t-elle, on ne pense pas à la façon dont les œuvres vont être reçues par le public. Mais j'apprécie de sortir de cette solitude pour aller à la rencontre des gens. »
Quoi qu’il en soit, des pièces comme Hazara, Cet obscur objet du désir ou Les Dzingues font mieux que nous indiquer une voie à suivre, ils nous murmurent une musique que l’on pressent à fleur de peau.

 

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